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Le singe et le caméléon
Le singe et le caméléon

Golo et Kakatar

"L’honnêteté est un arbre lent à pousser, mais dont l’ombre protège toute une vie.
Et celui qui perd la confiance d’un ami perd plus qu’un trésor : il perd une part de lui-même."

Voici comment tout commença.

Dans les vastes étendues dorées de la savane africaine vivaient deux êtres bien différents :
Golo, le singe espiègle au rire éclatant, et Kakatar, le caméléon sage au pas mesuré, qui prenaient un plaisir sans égal à rivaliser dans l’art des proverbes, chacun cherchant à surpasser l’autre par la finesse de ses paroles.

Tous deux vivaient sous le même soleil, buvaient à la même rivière et dormaient à l’ombre des mêmes arbres. Mais entre eux flottait une brume de méfiance, aussi ancienne que le vent, aussi mystérieuse qu’un chant d’oiseau dans la nuit.
Un matin clair, Golo bondissait de branche en branche, riant, jouant, se moquant du silence du monde. Au détour d’un baobab, il aperçut Kakatar, figé sur une termitière.

— Eh, Kakatar ! s’exclama-t-il. Que fais-tu là, planté comme un bâton sans racine ?

Le caméléon leva lentement la tête, ses yeux bougeant chacun de leur côté, puis répondit d’une voix calme :

— Je cherche à explorer la savane, Golo. Chaque pas m’enseigne un secret. « Celui qui observe longtemps finit par comprendre ce que les yeux pressés ne voient jamais. »

Golo éclata de rire.
— Explorer ? Moi aussi, j’aime ça ! Allons-y ensemble, ce sera plus amusant !

« celui qui traîne trop finit par rater la fête ! ».

Ainsi commencèrent leurs pas mêlés : l’un bondissant, l’autre prudent.
Après de longues heures de marche, le soleil brûlait haut et la fatigue s’invita dans leurs jambes. Ils s’arrêtèrent à l’ombre d’un grand palmier, dont une gourde suspendue au sommet brillait comme une promesse.

Golo leva la tête, les yeux pétillants.
— Regarde, Kakatar ! Une gourde remplie de vin de palme ! Le ciel lui-même nous envoie de quoi nous rafraîchir !

Mais Kakatar secoua la tête.
— Ce vin n’est pas à nous, Golo.

— Bah ! répondit Golo, grimpant déjà.

« Le fruit mûr n’attend pas le conseil du sage ! »

En quelques bonds, il atteignit la gourde, la décrocha et but goulûment jusqu’à la dernière goutte. Puis il la laissa tomber, vide, sur la terre sèche.

— Ah ! Délicieux ! Tu devrais goûter, Kakatar!

Kakatar soupira.
— « Le plaisir volé a le goût doux du miel… mais il brûle la langue avant la nuit. »

À peine avaient-ils repris leur route qu’un cri retentit derrière eux.

— Qui a volé mon vin de palme ? hurla un villageois furieux, tenant la gourde brisée dans ses mains.

Golo sursauta, puis, sans hésiter, désigna Kakatar :
— C’est lui ! Ce caméléon ! Il était tout près de l’arbre !

Kakatar recula, indigné.
— Moi ? Tu mens, Golo ! C’est toi qui as grimpé !

Le villageois fronça les sourcils.
— Je ne sais qui croire… Ce lui qui a vu tout mon vin doit avoir la tête qui tourne. Montrez-moi comment vous marchez !

Golo bomba le torse et avança d’un pas ferme.
— Tu vois ? Je ne titube pas. Aucun être sobre ne marche mieux que moi !

Puis Kakatar se mit en marche à son tour, balançant doucement, comme à la nature hésitante de son espèce.
Le villageois éclata :
— Voilà ! Celui-là chancelle comme un buveur ! C’est lui le coupable !

Et sans autre mot, il punit sévèrement Kakatar. Le pauvre caméléon s’en alla, le cœur brûlant de colère.

— "Le mensonge marche vite, Golo, mais la vérité le rattrape toujours"! cria-t-il en disparaissant entre les herbes.

Le temps passa, mais le hasard, fit qu’ils se retrouvèrent sur la même route. Le vent soufflait fort, et le soir tombait. Kakatar frissonna.

— Golo, faisons un feu. La nuit s’annonce froide.

— Non ! On va s’attirer des ennuis !

— « Celui qui craint toujours le mal finit par ne plus faire le bien », répondit calmement le caméléon.
Et déjà, il frottait deux branches.

Une flamme jaillit, petite, timide. Mais le vent la nourrit, et bientôt, les herbes s’enflammèrent. Le champ tout entier devint une mer de feu.

Les cris se firent entendre au loin. Des villageois accoururent.
— Qui a mis le feu à ce champ ?! cria l’un d’eux.

Kakatar, pris de panique, bafouilla :
— Il... il voulait juste me réchauffer, en désignant le singe

— Ah ! Tu veux dire que c’est moi? s’indigna Golo. Tu oses m’accuser alors que c’est toi ?

Kakatar reprit son calme et dit :
— Regardez nos mains. La vérité s’y cache toujours.

Les villageois observèrent. Les paumes de Kakatar étaient propres, sans trace de suie.
Mais celles de Golo... noires, noires comme la main de tous les singes.

— Voilà le coupable ! s’exclamèrent les villageois.

Golo baissa la tête. Le mensonge qu’il avait semé autrefois venait de fleurir contre lui.
« Le vent du mensonge ne souffle jamais sans lever la poussière de la honte. »

Depuis ce jour, Golo et Kakatar ne se parlèrent plus jamais. L’un resta perché dans les arbres, méfiant du monde. L’autre se fondit dans les herbes, lent et silencieux.

Et les anciens disent encore :

« L’amitié est une calebasse fragile : un seul mensonge suffit à la fendre. »

Ainsi finit l’histoire de Golo le Singe et Kakatar le Caméléon, deux compagnons que la méfiance et le mensonge ont séparés.

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Contes